Intelligence Artificielle

L’IA est un bon complément du savoir – faire des nez pour concevoir de nouvelles fragrances

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L’industrie du parfum présente de nombreuses caractéristiques propices à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Les nouvelles technologies peuvent assister les nez dans leur art ou permettre d’industrialiser la fabrication de fragrances plus grand public. Explications avec Vincent Perrin, responsable technique des offres d’intelligence artificielle IBM Watson.

Comment l’intelligence artificielle (IA) révolutionne-t-elle l’univers du parfum ?

Vincent Perrin – Le parfum est un domaine d’expertise forte de l’humain, qui nécessite un apprentissage long et la connaissance d’un volume important de données. Ce sont deux caractéristiques où l’IA peut intervenir, par exemple pour exploiter les informations sur les différentes fragrances qui existent, les données sur les familles de fragrances (florales, orientales…), sur les formules gagnantes qui vont bien ensemble dans les parfums déjà réalisés, sur ce qui fait sens pour le consommateur en fonction des historiques de vente ou des données de marché… On peut imaginer que l’IA donnera des recommandations sur les associations de fragrances pertinentes, pour voir si les composantes d’une fragrance sont bien équilibrées, pour proposer des substitutions intéressantes entre les éléments en termes de coût ou pour pallier le manque de disponibilité d’un produit. L’humain aura encore vocation à garder une part importante du travail dans l’élaboration des parfums haut de gamme, mais pour les produits plus grand public ou industriels, beaucoup d’étapes dans le processus de fabrication peuvent être automatisées afin de diminuer les coûts de production. L’application de l’IA à la conception de fragrances est encore au stade de la prospective et de la recherche, mais on voit bien que l’on peut déjà l’appliquer à une partie des pratiques du secteur. Depuis de nombreuses années, les nez s’appuient déjà sur des analyses de tendances et disposent aussi d’informations sur les meilleures combinaisons d’éléments chimiques…

 

Que devient le nez dans cet écosystème ?

V. P. –L’IA n’est pas là pour remplacer le nez ou pour créer toute seule de nouvelles fragrances. D’ailleurs, la machine ne pourra pas sentir pour apprécier la finesse du résultat, comme le ferait naturellement un nez. L’IA se positionne comme un assistant qui va travailler la donnée pour fournir une information à partir d’un nombre de caractéristiques qu’un humain n’aurait pas pu mémoriser. Il pourra ainsi progresser plus vite dans son apprentissage. Plus sa compétence sera importante, plus il sera à même de mettre au point des parfums à succès.

 

Quel type de parfum l’IA peut -elle contribuer à mettre au point ?

V. P. – Le partenariat noué entre IBM et la marque allemande de parfums Symrise vise à créer une plateforme d’IA pour développer des fragrances dans le domaine du luxe, mais aussi en ce qui concerne les senteurs pour la maison. La démarche s’inscrit dans une logique de cocréation entre l’IA et l’humain : le nez intervient dans la démarche d’apprentissage de la machine puis reçoit des informations sur les éléments à prendre en compte dans le succès d’un nouveau parfum. Les deux premières fragrances créées dans le cadre de ce projet Philyra seront mises sur le marché en 2019 par la société brésilienne O Boticário, une des plus grandes marques de produits de beauté de ce pays. Elles s’adressent plutôt aux millennials : l’une évoque la cuisine exotique et l’autre présente des odeurs fruitées et florales.

 

Comment ne pas créer quelque chose d’attendu, alors qu’un des rôles du parfum consiste à surprendre les sens ?

V. P. –Le parfum est très lié à l’image que l’on a de soi et que l’on veut donner de soi. Certaines personnes vont garder le même parfum toute leur vie et d’autres préféreront être surprises par de nouvelles fragrances. Si tous les acteurs ont les mêmes données et les mêmes outils d’intelligence artificielle, il y a de fortes chances que l’on arrive à des produits assez similaires. Mais tous les acteurs n’ont pas les mêmes données car ils ne sont pas sur les mêmes marchés ou ne s’adressent pas aux mêmes clientèles. On mesure d’ailleurs l’écart d’une nouvelle fragrance par rapport à ce qui existe déjà sur le marché. L’IA peut aussi être un moyen de répondre à la demande d’hyperpersonnalisation des parfums, pour peu que l’on puisse industrialiser la fabrication. Un agent conversationnel pourrait proposer un parfum à partir des préférences de la personne ou de l’émotion qu’il capte. Aujourd’hui, les gens qui veulent avoir « leur parfum » doivent supporter un coût important. Cela concerne donc une population très réceptive aux fragrances, davantage que le grand public.

 

Pour en savoir plus, visitez IBM Watson

 

IBM Ecosystem Technical Leader, IBM France

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